L’humain, cet animal dénaturé
Quand je regarde autour de moi, j’observe de la souffrance. Souffrance physique, détresse psychique, difficultés émotionnelles, déconnexion spirituelle, individualisme extrême, … Je me questionne sur ce qui a bien pu se passer pour que tant d’êtres vivent de nos jours et dans nos contrées autant de douleur que toute notre médecine semble bien incapable de guérir. Alors je m’interroge et je me mets en quête de réponses. Vous connaissez ma passion pour une alimentation riche, vraie, naturelle et complète et je connais la puissance des bienfaits d’une telle nutrition. Pourtant l’assiette la plus parfaite, pour autant qu’elle existe en-dehors d’un concept puriste et uniforme, ne saurait suffire à nourrir entièrement et globalement un individu.
Car la vie est profondément chaotique. Elle est faite de bouleversements que nous ne saurions prédire et auxquels nous devons pourtant faire face. Nous devons donc chaque jour nous adapter à un environnement mouvant et rempli de surprises pour notre plus grande joie ou notre plus grand désarroi. Il me semble alors primordial de muscler cette capacité à réagir aux sollicitations incessantes afin de ne plus nous laisser désarçonner au moindre coup de vent.
Cette capacité est profondément inscrite en nous, en nos gènes qui nous ont préparés à échapper (parfois) à nos prédateurs, à survivre à des périodes de famine et à vivre presque nu.e.s les variations du climat en extérieur. Par notre mode de vie civilisé, on peut supposer que ces capacités permettant la survie de nos ancêtres se sont endormies puisqu’elles n’étaient pas sollicitées. Un peu comme un muscle qu’on laisse au repos et qui perd son volume en deux temps trois mouvements, ces puissantes fonctions physiologiques se sont atrophiées.
Ici naît l’idée qu’en sollicitant à nouveau ces processus nous pourrons regagner en résilience et en tolérance face aux évènements extérieurs. Il s’agit du principe de l’hormèse selon lequel tout organisme s’améliorera si ce dernier est exposé, de manière adaptée à sa constitution, à un stress intense mais court, suivi d’une phase de repos.
Les deux compères, Sympathique et Parasympathique
Notre système autonome s’occupe de prendre en charge toute fluctuation de notre environnement, qu’elle soit interne ou externe. Il peut s’agir d’une brusque montée de notre glycémie suite à la dégustation d’une succulente glace italienne, d’une chute de pression due à une plaie importante, de la piqûre d’une guêpe à la piscine ou d’une beuglante de notre boss décidément de mauvais poil aujourd’hui.
Le système autonome se divise en deux parties, Sympathique et Parasympathique. Sympathique mobilise l’organisme dans les situations extrêmes telles que la peur, l’exercice ou la colère. C’est le système nerveux de l’attaque, de la fuite ou du figement. Il est coûteux en énergie. Parasympathique est son pendant qui nous permet de réaliser les fonctions banales mais vitales telles que la digestion, l’élimination et le renouvellement. Il est responsable de réduire notre consommation d’énergie et aime se manifester lorsque nous nous trouvons suffisamment au calme, en train de dormir ou en train de méditer. Ces deux compères sont nécessaires à notre survie et ils travaillent main dans la main, à chaque instant, afin de nous maintenir en équilibre. Notons que le système nerveux autonome travaille, comme son nom l’indique, en toute autonomie, sans l’intervention de notre volonté.
Or Wim Hof, grand chercheur et expérimentateur de l’extrême hollandais, a démontré par une étude scientifique menée en laboratoire en 2014 que chacun peut, avec un entraînement adéquat à la portée du plus grand nombre et à durée limitée (consistant en des exercices de respiration, de méditation et d’exposition au froid), influencer positivement son système nerveux autonome et son système immunitaire. Ô joie ! Cette étude est porteuse d’espoir pour un grand nombre de personnes en souffrance, notamment celles qui sont atteintes d’inflammation chronique ou de maladies auto-immunes.
L’exposition au froid en pratique
Aujourd'hui j'ai choisi de vous parler d'un des élément de l'entraînement selon Wim Hof, l’exposition au froid. Cet outil m’a époustouflée par son résultat immédiat et la simplicité de sa mise en application. Il est en effet aisé d’ajouter à sa douche quotidienne un jet d’eau fraîche devenant de plus en plus froide au fil des jours, en commençant par les extrémités et en se rapprochant petit à petit du centre du corps. Les plus hardis ajouteront la tête. Peut-être qu’après quelques jours de pratique vous abandonnerez la douche chaude pour ne profiter que de deux minutes d’eau froide. La douche froide se pratique idéalement le matin si l’on tient compte des rythmes physiologiques de réchauffement et de refroidissement du corps. Cependant et selon la fameuse devise que j’affectionne « Fait, mieux que parfait », mieux vaudra une exposition en soirée que pas d’exposition du tout.
Sur mon chemin personnel à la recherche d’une santé pleine, forte et résiliente, il m’importe de partager avec vous les expériences que je vis comme bénéfiques. Je souhaite du fond du cœur que ces propositions contribuent pour vous, votre santé et votre bien-être.
La priorité sera de rester à l’écoute de vos limites et d’ajuster votre durée d’exposition et son intensité à votre capacité du moment. Tenant compte de votre état de santé, de votre fatigue ou du moment de votre cycle mesdames, ajustez l’exercice par le choix de la température, la durée d’exposition ou l’endroit de l’exposition (seulement une partie du corps ou sa totalité par exemple). L’inconfort est votre marge de manœuvre, non la douleur. Il s’agit de trouver un certain confort dans l’inconfort et la clé se trouve dans la respiration. C’est en expirant lentement et profondément que l’on trouve la paix dans cette situation potentiellement chahutante. Chantez ou souriez si vous préférez, ça marche aussi ! Cherchez à détendre et décrisper chaque partie de votre corps lors de l’exercice et expirez, expirez, expirez longuement.
Si vous souhaitez vous lancer dans les bains froids en nature et que vous habitez ma région, je vous invite à vous laisser guider par Stéphane Renevey des « Givrés de la Gruyère ». Vous trouverez toutes les informations pour une initiation riche et bienveillante en cliquant ici. Vous pouvez également demander à une connaissance expérimentée de vous guider lors de vos premières baignades. Pensez à demander l’aval de votre médecin de famille, surtout si vous avez des antécédents familiaux ou que vous souffrez de problèmes cardio-vasculaires.
Les bienfaits
En réponse aux expositions au froid, notre organisme va développer un ensemble de réactions d’adaptations physiologiques qui visent à maintenir une température interne adéquate. Il va en particulier produire des graisses brunes. Celles-ci sont impliquées dans la régulation de la température interne mais aussi notamment dans la modulation de l’appétit, l’activation des défenses immunitaires, le contrôle de la pression artérielle, le transport de cellules souches, la prévention de la formation de caillots dans les artères, la prévention du diabète de type 2 et l’obésité, le développement du réseau sanguin dans les muscles et l’adaptation de la consommation de sucre dans les muscles.
D’autre part, lors de l’exposition au froid, les vaisseaux sanguins au niveau des extrémités vont se contracter afin de préserver l'irrigation des organes vitaux. À la suite de l’exercice, ces vaisseaux se dilatent à nouveau et la circulation reprend avec force. À terme, cette pratique entraîne une meilleure circulation sanguine avec des veines qui se renforcent et des capillaires qui se développent, favorisant en particulier une bonne circulation aux extrémités. Parallèlement, la peau se tonifie et le cheveu devient de meilleure qualité.
Au niveau des hormones et des neurotransmetteurs, on observe durant et à la suite de l’exposition au froid la sécrétion de noradrénaline à 530% (vigilance), de dopamine à 250% (motivation), d’endorphines (relaxation), de sérotonine (bien-être), sans oublier une molécule appelée glutathion, un anti-oxydant majeur. Un véritable shot de bienfaits, utile par exemple pour lutter contre les états dépressifs, la baisse de morale ou les douleurs chroniques.
L’exposition au froid régulière permet de renforcer la connaissance de notre corps et retrouver la confiance dans ses capacités. Également, la sensation intense du froid sur notre peau nous capte dans le moment présent sans que nous ayons à faire aucun effort dans ce sens, chose plutôt rare avec les milliers de pensées qui défilent en continu dans nos cerveaux ultra productifs. Lors d’un bain ou d’une douche froide, nous nous offrons un moment privilégié en tête à tête avec nous-même et en pleine conscience.
Finalement l’activation intense de nos deux compères, Sympathique puis Parasympathique lors de l’exposition au froid, va renforcer notre capacité à gérer les situations stressantes du quotidien et notre résilience face aux aléas de la vie. En pratiquant, nous apprenons progressivement à traverser de plus en plus sereinement une phase d’acceptation même dans les situations délicates, à nous détendre même dans l’inconfort et à faire confiance à notre corps pour donner une réponse adéquate. Au passage, on y gagne en qualité de sommeil, ce qui ne sera pas pour déplaire à Parasympathique.
Que vous ayez l'élan de vous lancer dans cette nouvelle pratique ou non, j'aimerais souhaiter à chacun.e d'entre nous un quotidien rempli de joie, de fun et de rires.
Bien à vous, Joëlle.
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